Saint Laurent : il faut, avant toute chose, savoir qu'avant d'être dans des coffres forts, les bâtons étaient installés dans des sortes de châsses en bois, simples vitrines destinées à leur rangement.
Sur le fond de celle de notre saint figure une inscription dont certaines parties sont effacées, volontairement selon certains chercheurs. On peut cependant lire : "En mil sept cent quatre vingt quatre, Bouhin, jardinier de M. le président Fardel a donné pour don une châsse neuve à saint Laurent et a fait repeindre le bâton. Il se recommande des prières de tous les bâtonniers."
Par ailleurs, les vêtements sacerdotaux qu'il porte sont significatifs du XVIIème siècle. Le saint tient d'une main la palme du martyr et de l'autre, l'objet même de ce martyr, un gril sur lequel la légende veut qu'on l'ait fait mourir par le feu. De chaque côté, des angelots tiennent des bougeoirs en forme de corne d'abondance ainsi qu'il est souvent constaté dans les bâtons de procession.
Ces angelots, très différents de ceux rencontrés dans les retables du XVIIIème siècle, ne sont pas seulement là dans un souci esthétique, par ailleurs indéniable. Ils signifient la présence au paradis du saint auquel ils se réfèrent et représentent les raisons même de leur culte, les espérances de leur méditation et les largesses méritées. Bien souvent, les socles ne correspondent pas aux statues, quand ils n'ont pas tout simplement disparu.
Le socle de saint Laurent est particulièrement imposant par sa taille et par son ornement : il fait presque de l'ombre à la statue, manifestant le désir peu discret des donateurs de montrer leur générosité auprès de tous les paroissiens. Donateurs dont l'origine se manifeste par la présence d'écussons jumeaux (de forme ovale, 5 cm de diamètre) qui représentent en relief les détails de leurs blasons.
Il semble indiscutable, d'après tous ces éléments, que le Saint a été donné par Nicolas Fevret, époux de Catherine Jaquot, seigneur de Daix entre 1698 et 1730.
La tradition locale veut que, depuis plusieurs siècles, la statue de saint Laurent soit abritée chez l'habitant dont elle devient l'hôte pendant toute l'année. Il en est encore ainsi aujourd'hui. On assurait jadis qu'en échange de cette hospitalité, le saint faisait accorder des grâces à la famille qui l'hébergeait et, si c'était un jeune ménage, il lui faisait obtenir de la Providence l'accroissement de sa descendance.
Il s'agit plus aujourd'hui d'un acte d'appartenance à la communauté chrétienne.